Tout le monde connaît l'impulsivité et l'humeur colérique du dieu grec Poséidon car elles sont légendaires. Ces traits uniques se retrouvent dans ce lieu. Des geysers hurlent en cœur partout autour de vous, jaillissant dans des sifflements assourdissant de la terre craquelée et sèche. Des colonnes d'eau tour à tour brûlantes ou glacées, s'élançant depuis les entrailles de la terre à l'assaut du ciel. Les endroits d'où ils sortent sont imprévisibles, invisibles. On ne peut pas deviner d'où le prochain jaillira. C'est comme si le dieu de la mer existait et avait décidé de les créer à son image : fougueux, impulsifs, coléreux et impétueux. Tout comme les équidés.

Il semblerait que cet endroit a été créé par pure vanité : il est resplendissant de beauté et brille de mille feux. Tout d’abord, ce n’est qu’un sol rocailleux aux minuscules paillettes de mika brillant au soleil. Puis, l’herbe devient de plus en plus présente, de plus en plus dense. Un petit passage taillé dans la roche vous conduit à une clairière verdoyante, entourée de petits arbustes. Ces arbustes sont chargés de fruits. De loin, on le croirait fort appétissants. Mais l'aspect pratique n'existe pas ici ; l'aspect esthétique règne en maître. Ces fruits, pommes, poires, pêches, cerises, sont en réalité des pierres précieuses, de toutes les couleurs, à mille facettes reflétant le soleil. Cette clairière est entourée non pas d’arbres mais d’un immense rempart rocailleux. Les lieux sont magnifiques, verdoyants et un ruisseau coule en abondance. Si vous êtes entêtés et que vos dents ne résistent pas aux fruits de pierres précieuses, vous n’avez qu’à vous rabattre sur l’herbe.

Hadès et Perséphone étaient très amoureux, c’est bien connu. Or, une rumeur a couru que Hadès a eu une aventure avec la déesse Menthé. Perséphone, ivre de rage, a transformé Menthé en plante : la menthe. Un champ de menthe pousse donc ici, dru et verdoyant. Un petit ruisseau court le long d’une paroi rocheuse car ce lieu est entouré de murailles de pierres que Perséphone a érigées afin que Menthé ne puisse pas s’enfuir. Cet endroit est accueillant et sent bon. Mais il n’y existe pas d’autres plantes que la menthe, toujours de la menthe. Et, si parmi les milliers de pousses que vous écrasez, vous tombez sur celle qui représente Menthé, son esprit se met à vous parler. Du moins, c’est ce que dit la légende… Personne n’a jamais tenté de manger la menthe de cet endroit, ce n’est sans doute pas une expérience sans risques. De même, Perséphone a transformé une autre maîtresse d’Hadès, Leucé, en peuplier blanc. Ici, les peupliers sont abondants…

Tout d’abord, ce n’est qu’une grotte. Une grotte sombre, peu accueillante certes, mais une grotte tout de même. Peut-être étiez-vous simplement de passage, ou vouliez-vous vous abriter de la pluie fréquente… Toujours est-il que, malgré votre désir de ne rester qu’à l’entrée, cette grotte vous attire vers ses entrailles. Elle vous crie de persévérer, de voir ce qu’il s’y trouve. Et vous suivez cette petite voix, qui n’est autre que celle de Satan. Vous marchez, serpentant entre les stalactites et les stalagmites de pierre, sous la voûte rocheuse. Puis, une odeur âcre et répugnante vous parvient. Celle du sang, du sang en abondance. Cette odeur vous répugne ou vous excite, mais vous continuez d’avancer. Et là, sur votre droite, horreur ou jouissance, une rivière qui glougloute joyeusement. Mais cette rivière est rouge. Rouge de sang. Survole cette rivière, une brume orangée qui sent elle aussi la Mort. Cet endroit pue la mort, d’ailleurs. Une légende raconte qu’après six jours de marche au fond de cette grotte, les portes de l’Enfer vous sont ouvertes. Il est vrai que cette caverne semble se prolonger à l’infini…